Mal dormir, un cauchemar
L’insomnie altère la qualité de vie, voire la santé, de nombreuses personnes âgées. Pascale Dinan, gériatre, nous aide à comprendre ce trouble du sommeil.
Rajen, 72 ans, dort très mal. «Je ne sais plus ce qu’est une nuit de sommeil. J’ai tout essayé pour mieux dormir mais rien ne marche. C’est un vrai cauchemar !» Pourquoi donc le sommeil est-il problématique chez les séniors ? Pascale Dinan, gériatre à la clinique Bon-Pasteur, explique que chaque individu passe en moyenne 30 % de sa vie à dormir. Un temps considérable mais nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme. «Les troubles du sommeil sont donc un motif majeur de consultation». Chez l’adulte, une nuit de sommeil se compose de 4 à 5 cycles comprenant chacun différentes phases : un état de transition veille-sommeil, le sommeil léger, le sommeil profond et le sommeil paradoxal. «Avec l’âge, les phases de sommeil léger deviennent plus longues que celles de sommeil profond et le besoin en temps de sommeil diminue. C’est un phénomène normal.» Toutefois, il peut être accentué par divers facteurs et compromettre le bien-être et la santé de la personne. On parle alors d’insomnie. «Cette pathologie se caractérise par une difficulté persistante à s’endormir ou à maintenir le sommeil malgré des conditions optimales. Les séniors y sont particulièrement sujets.» La cause peut être médicale (prise de certains médicaments, douleurs, maladie neurologique comme Alzheimer ou Parkinson), psychologique (anxiété, dépression) ou comportementale (siestes pendant la journée, consommation d’alcool, de tabac, de café). Tenter de trouver seul la solution en se faisant prescrire des anxiolytiques ou des somnifères par un médecin complaisant est une démarche dangereuse. «La consommation d’hypnotiques, très importante chez les aînés, est source de troubles de la mémoire et de chutes, sans compter que la plupart de ces médicaments induisent une dépendance», indique le Dr Dinan. «Les causes de l’insomnie doivent être identifiées afin d’apporter au patient les bons conseils en termes d’hygiène de vie et le traitement adapté pour qu’il retrouve un sommeil réparateur», poursuit la spécialiste. Limiter le fardeau de l’insomnie et des troubles cognitifs et comportementaux qui y sont associés permet non seulement d’offrir une meilleure qualité de vie aux séniors mais aussi de retarder une éventuelle entrée en institution spécialisée. D’où la nécessité de consulter dès que la difficulté à bien dormir devient régulière.