FIAPA

Maltraitance personnes agées

La Poule Aux Œufs d’Or – Dr Pascale Dinan, médecin
gériatre et présidente de l’ONG FIAPA
Définition du Cconseil de l’Europe
« La violence se caractérise par tout acte ou omission
commis par une personne, s’il porte atteinte à la vie, à
l’intégrité corporelle ou psychique, ou à la liberté d’une
autre personne, ou compromet gravement le
développement de sa personnalité, et/ou nuit à sa sécurité
financière »
La presse mauricienne fait actuellement déballage
hebdomadaire de situations de maltraitances multiples et
variées envers nos seniors. Au-delà de toutes les
définitions de la bBientraitance aux ainés, des colloques
et campagnes de sensibilisation à la maltraitance et aux
droits des seniors, l’actualité des médias en ce mois de
décembre bat tous les records quant aux situations
extrêmes de violences faites à leur égard. Je tairai ici
volontairement les détails des cas qui font l’actualité, et
derrière chaque histoire c’est un le meurtre de personnes
vulnérables auquel nous sommes confrontés.
Pourquoi taire les détails ? L’aspect sordide de ces décès
provoqués, leur caractère violent, les motifs de ces
meurtres interpellent grandement. La plupart du temps, iIl
y a un lien de parenté de premiere 1 e degré entre la
victime et le bourreau. ; Lla mort est précédée de luttes,
de coups, de viols. T; tuer sous l’effet de la colère, tuer
pour récupérer l’argent de pension et du bonus de nos
ainés, tuer pour satisfaire sa consommation de drogues.
Quel est donc le carburant actuel de nos sociétés ?
L’appât du gain, de l’argent facile àa tout prix, le vol, la
terreur exercée envers les plus faibles qui ne peuvent se
défendre ? Ouù en sommes-nousQu’avons-nous fait du
respect enversa autrui, de la générosité, de la solidarité,
de la protection des vulnérables ?
Ce qui est encore plus choquant c’est l’anesthésie des
consciences. Nous feuilletons les journaux
machinalement et une histoire en chasse une autre. et
cCes actes sur les plus fragiles de nos sociétés se noient

parmi les rubriques de scandales entachant notre vie
sociale, politique et économique. Une société qui en arrive
à ce niveau d’indicible auprès des seniors est une société
gravement malade.
Les conférences internationales sur le sujet de la
bientraitance aux personnes âgées aboutissent à des
chartes qui sont remises au pouvoir politique en place
( www.fiapa.mu 2014, 2015). Différentes ONG œuvrent à
sensibiliser les seniors eux-mêmes, mais aussi les jeunes
dans les écoles. Les objectifs sont de faire connaitre leurs
droits, les différents types de maltraitance (physique,
psychologique, financière, médicale, la négligence active
et passive), les numéros d’appel anonymes d’urgence, les
filières de prise en charge. Malheureusement très souvent
nos ainées ou le voisinage n’osent pas signaler un cas
d’abus sur de leurs proches pour ne pas jeter l’opprobre
sur la famille ou par crainte de représailles. Les
professionnels du domicile n’osent pas jeter de l’huile sur
le feu en alertant les numéros d’appel.
Un cas de meurtre sur senior en est un de trop, sans
compter ce que vivent certains tous jeunes enfants,
histoires dont la presse a fait état encore récemment.
Je ne prétends pas détenir toutes les solutions mais j’en
appelle ici à la prise de conscience que notre société ne
peut plus tolérer ces situations et qu’une action commune
politique, civile, sociétale est essentielle. Tout commence
certainement au niveau de l’éducation basique des
enfants sur le respect àa autrui au sein de sa famille et
sur les valeurs morales qui fondents’effritent comme neige
au soleil au détriment de l’avoir et du trop-plein.
Nos aines ne sont pas une manne électorale. Les niveaux
de pensions qui enflent en font des proies faciles. Un
travail de fond d’aides à la personne en fonction de leurs
pertes d’autonomie est nécessaire et un système de veille
efficace et fonctionnel quant à leur protection.
N’endormons Ne laissons pas nos consciences sous le
poids dess’habituer à ces vilenies. Réagissons !

Œuvrons au respect des aînés, a tout ce qu'ils peuvent
nous transmettre et prenons soin d’eux. Le professeur
Jérôme Lejeune, généticien et pédiatre qui a découvert la
trisomie 21 disait très justement : "La qualité d'une
civilisation se mesure au respect qu'elle porte aux plus
faibles de ses membres".